La question des rapports de pouvoir (financier, commerical, éditorial, politique, idéologique…) et des sphères d’influence caractérisant le champ médiatique m’intéresse depuis plusieurs années. Au cours de mes recherches et lectures j’ai découvert une étude très exhaustive de cette problématique par un groupe international d’experts: Who Owns the World’s Media? Media Concentration and Ownership around the World, dirigé par Eli M. Noam et publié en 2016. Il s’agit vraisemblablement du travail scientifique le plus complet sur ce sujet à l’échelle internationale, malgré le fait que la publication, et surtout le contexte des données utilisées, datent de plus de sept ans.

On remarque par conséquent des changements qui sont survenus depuis cette période (~2010-2015 en ce qui concerne les données, même si les analyses prennent compte des 20-30 années précédent la publication). Pour ne citer que quelques exemples, la montée en puissance de Netflix ne faisait que commencer; leur expansion s’accéléra justement dans la deuxième partie de la décennie (2016-2020), alors que le livre fut publié en janvier 2016. L’acquisition de 21st Century Fox par la Walt Disney Company ne fut finalisée qu’en 2019. Viacom et la CBS Corporation fusionnèrent en 2019, prenant alors le nom de ViacomCBS, puis Paramount Global en 2023; Sumner Redstone, qui décéda en 2019, fut succédé par sa fille Shari Redstone à la tête de cet empire médiatique. Néanmoins, comme ces exemples le montrent, la concentration du capital dans la sphère médiatique, comme dans la plupart des secteurs économiques, s’est poursuivie après 2015. C’est une des dimensions fondamentales du capitalisme, constatée notamment par Marx en 1867.

J’ai utilisé une partie des données incluses dans cet ouvrage pour créer une représentation visuelle de ce phénomène. Pour ce faire, j’ai dû d’abord extraire les tableaux de données du PDF de l’ouvrage, et effectuer une nettoyage extensif sur Excel. J’ai ensuite créé un diagramme (il ne semble pas y avoir de terme équivalent en français, mais en anglais ça s’appelle « alluvial diagram ») représentant les propriétés/titres/investissements dans la sphère médiatique des dix plus grands acteurs économiques (gouvernements, individus, et groupes d’investisseurs ou « investisseurs institutionnels »). J’ai également fait un graphique à bulles avec les valeurs des avoirs de ces derniers, en milliards de dollars américains; j’ai intégré dans la visualisation finale ces bulles proportionnelles avec un drapeau du pays d’origine. Enfin, toujours en consultant l’ouvrage surcité, j’ai ajouté des icônes représentant les secteurs/domaines dans lesquels ces acteurs capitalistes sont dominants.

Il convient de souligner que cette infographie n’est pas exhaustive, et ne donne pas non plus une image complète des données, résultats et analyses incluses dans l’ouvrage de référence. Par exemple, l’empire médiatique de Rupert Murdoch n’est pas inclus simplement car celui-ci sortait du top 10 global des capitalistes; cela n’implique évidemment pas que le pouvoir économique, médiatique et politique de Murdoch et de sa famille soient secondaires.